CH0171

Rivet

Adresse1 quai de Cuire*, Lyon (Rhône)
Début d'activité 1831
Fin d'activité 1915

Originaire de Boulogne-sur-mer où il est né en 1806, Louis Rivet s'est établi à Lyon vers 1831 en tant que "fustier" puis "charpentier en bateau". Il semble probable que se soit lui qui ait construit à Clichy, dans les années 1820, le canot Triton pour Jacoubet, "le nestor des canotiers parisiens" (cf. Le Canotage en France,1858, pp 19-20 et p. 68). Louis décède en 1862.
Son fils François, né en janvier 1844, s'installe en 1876 quai de Cuire en tant que constructeur de canots, à son retour de ses huit années passées à Genève. Il construit des voiliers, des embarcations à l’aviron et plusieurs canots automobiles et racers pour les usines Berliet. François décède en 1911.
Pierre, premier enfant de François, né en 1875 à Genève, semble garder l'activité, en tant que patron à partir de 1906, puis comme menuisier en bateaux après 1925. On perd sa trace dans les années 1930 et on ne lui connaît pas de descendance.
Sans doute le fruit de son expérience genevoise, de 1877 à 1910, on a pu recenser une vingtaine de bateaux sortis de l'atelier Rivet. Parmi les plus notables :
1877 : vol au Vent, houari à dérive de 3 tx, à Châlon/Saône, primé plusieurs fois en 1883-84.
1879 : Alba, cotre de 3,4 tx, construit pour le vice-président des Régates Mâconnaises. Le voilier apparaît ensuite à Marseille en 1882 et jusqu'en 1903. Palmarès en régates.
1880 : Moriko, houari à dérive de 5,5 tx. Palmarès en régates à Villevert-Neuville. Rebaptisé Gisèle à son rachat en 1902.
1889 : Thetys, cotre de 5 tx sur plans Godinet et de 160 m2 de voilure ! À M. Belly de Genève, gagne la coupe du Léman la même année.
Sur cette période très active, François Rivet construit, entretient toutes sortes d'embarcations pour des particuliers et les clubs locaux. On relève ainsi un canot de type Océan ponté, une yole de mer à quatre pour le CN Chambéry ; des réparations pour le Cercle de l'Aviron de Lyon (CAL) ; L.N. un petit canot automobile de 3 cv qui termine 1er aux régates du CAL en 1903...
Avec le développement des moteurs à explosion, une nouvelle forme de plaisance apparaît dans les premières années du XXe siècle : le canotage automobile. Pour les constructeurs, c'est un nouveau marché et Marius Berliet, nouvel acteur de l'automobile à Lyon souhaite se faire une place sur ce marché émergeant. Berliet teste ses moteurs sur la Saône, piste d'essai idéale pour les pousser au maximum et Rivet devient le constructeur de ces canots.
De 1904 à 1906, les usines Berliet engagent plusieurs canots au Meeting de Monaco : on y recense un racer de 8 m, des cruisers de 8 à 12 m. Par ailleurs, on retrouve traces de ces bateaux aux régates de Lucerne (1904), et d'autres canots (les noms et motorisations varient) à la course Boulogne-Folkestone (1905) ou encore au meeting d'Évian (1906).
Les établissements “P. Rivet & Cie, embarcations en tous genres” sont dissous le 31 juillet 1915.
Deux traces écrites des chantiers F. Rivet : la première dans le compte-rendu de la Société des Régates Lyonnaises de 1877 et la deuxième, une publicité dans une revue L'Aviron de 1908. La mention "inventeur du banc à roulette (système breveté)" est intéressante et mériterait une recherche approfondie sachant qu'a priori le banc à roulette est une invention américaine apparue en Europe en 1872 (Woodgate W.B. 1881).

* Le quai de Cuire à Lyon est aujourd'hui le quai Clemenceau à Caluire-et-Cuire.

Publié le 31 octobre 2022